Erica Hennequin

"Politique et Cie"

Nucléaire non merci - Motion

NUCLEAIRE NON MERCI! DEVELOPPEMENT A LA TRIBUNE


Chacun sait que l'extraction, le transport et la transformation du minerai radioactif comporte des risques majeurs pour les êtres humains, la faune et la flore et cela pour des siècles. Quant à la question des déchets nucléaires et du démantèlement des centrales, elle n'est toujours pas résolue. Le danger inhérent à cette source d’énergie est souvent camouflé par un lobby nucléaire qui pratique couramment la rétention d'informations. Les conséquences des « fuites » ou autre incident sont souvent d'abord minimisées, tues ou révélées plusieurs mois plus tard.

En 2008, l'Europe a été frappée par de graves incidents nucléaires alors qu'on nous répète toujours que cette énergie est « propre » et « sûre »: En France, Belgique, Espagne, Slovénie, Allemagne, Ukraine, des dizaines de personnes, des eaux, des terres ont été lourdement contaminées. Aux portes du Jura, deux centrales parmi les plus vieilles du parc nucléaire européen menacent à tout moment de créer le drame. Celle de Fessenheim en Alsace voisine, prévue à l’origine pour durer 20 ans, est la plus vieille de France encore en activité (construite en 1977). Deux éléments au moins démontrent l’urgence de sa fermeture ; elle est placée en contrebas du grand canal d’Alsace et serait immédiatement inondée en cas de rupture de la digue. De plus, elle se situe dans une région à forte activité sismique (fossé rhénan). Il est aujourd’hui avéré que sa résistance sismique a été sous-évaluée par EDF, et qu’elle ne résisterait probablement pas à un tremblement de terre comme celui qu’a connu Bâle en 1356.

Ces dernières années, les avaries et autres incidents n’ont cessé de se multiplier à Fessenheim ; pendant l’année 2004, en l’espace de moins de quatre mois, ce sont au total quelques sept incidents qui ont été déclarés à l’Autorité de Sûreté Nucléaire, ils ont entraîné pour la première fois la contamination de douze personnes. En 2009, on dénombre déjà 9 incidents.

La deuxième “poubelle” nucléaire du coin est celle de Mühleberg dans le canton de Berne, qui date de 1972. Bien que son autorisation d’exploiter s’achève en 2012 (après 40 ans!), la Confédération est en train de statuer sur une demande des FMB d’exploitation illimitée. L’état de la centrale est pourtant extrêmement critique et le bon sens voudrait qu’on la ferme au plus vite. Quatre problèmes majeurs sont à la base de ce constat2:

1.la progression des fissures dans le manteau du coeur de la centrale n’a pas pu être stoppée par les agrafes posées par l’exploitant.
2.l’absence de séparation physique entre les différentes installations de sécurité fait qu’un même accident risque d’endommager plusieurs installations.
3.la vulnérabilité en cas d’attaque terroriste de type 11 septembre.
4.la résistance insuffisante en cas de fort tremblement de terre.

Ces centrales vétustes constituent une menace réelle pour le vaste périmètre avoisinant et les populations (nombreuses) qui y résident. Le Jura ne serait bien entendu pas épargné, bien que pour certains, les nuages radioactifs s’arrêtent aux frontières. C’est pourquoi notre Parlement doit inviter les autorités jurassiennes à intervenir au plus vite auprès des autorités compétentes pour demander l'arrêt immédiat de ces dangereuses installations: c''est le point 3 de la motion.

Les pro-nucléaires, soi-disant soucieux des problèmes climatiques, avancent que l'énergie atomique permettra de lutter contre le réchauffement climatique. Or, il faut constater que les pays ayant largement recours au nucléaire sont parmi les plus gros émetteurs de CO2 au monde, et que le nucléaire, lorsqu’on prend la filière de production entière, de l’extraction de l’uranium à la gestion des déchets, constitue un émetteur de CO 2 non négligeable. Dans le domaine de l’extraction, les émissions risquent d’augmenter encore plus à l’avenir avec l’exploitation de mines avec des concentrations d’uranium toujours moins importantes, qui nécessiteront pour une même production la manipulation de quantités de roche toujours plus importantes.

Concernant la santé, une étude allemande montre que la probabilité de développer un cancer ou une leucémie est plus forte dans le périmètre proche d’une centrale nucléaire. La polémique qui a suivi cette publication a poussé les autorités sanitaires suisses à commanditer une étude... co-financée par Axpo et les FMB3, tous deux exploitants de centrales . (véridique !!)

L’énergie nucléaire coûte aussi très cher, les coûts actuels étant largement sous-estimés. L’ « énergie nucléaire bon marché » n’est qu’un mythe artificiellement crée. En plus du fait que le coût de la gestion des déchets est largement sous-évalué dans le prix de l’énergie atomique, le montant assuré par les exploitants des centrales nucléaires en cas d’accident est ridiculement bas. Selon le droit fédéral en vigueur, les exploitants de CN ne sont responsables de dégâts potentiels en cas d’incident que jusqu’à concurrence de CHF 1 milliard. Cette somme est insignifiante lorsqu’on prend en compte une estimation réaliste des dégâts potentiels d’un accident nucléaire ; la facture pourrait alors atteindre jusqu’à CHF 4300 milliards (Office Fédéral de la Protection Civile). Actuellement, l’industrie nucléaire ne doit donc assumer qu’une infime fraction des dégâts qu’elle peut potentiellement provoquer. Le projet de révision de la LRCN prévoit une augmentation minime de la responsabilité civile (2.25 Mrds); Cette sous-estimation du montant à assurer - en cas d’accident majeur, c’est l’Etat et les contribuables qui auraient à assumer près des 99% des coûts des dégâts - constitue un subventionnement indirect scandaleux de l’industrie nucléaire. Les modestes subventions accordées aux énergies renouvelables font figure de bricole à côté de cette manne cachée.

De plus, les investissements dans les projets nucléaires absorbent des financements qui font ensuite défaut aux programmes d'efficacité énergétique qui eux, non seulement offrent des possibilités de réduction des émissions de gaz à effet de serre très supérieurs à celui du nucléaire, mais en plus renferment un potentiel de création d’emplois énorme. L’exemple de l’Allemagne est là pour en attester ; dans ce pays, pour l’année 2007, la construction et l’exploitation d’installations de production de courant et de chaleur provenant de vecteurs énergétiques durables ont engendré un chiffre d’affaires de 37 milliards de francs. La part la plus importante revient à la branche de la biomasse avec 15 milliards de francs. Le nombre de places de travail liées à ce secteur s’élève à 96‘000. La production de courant a plus que quadruplé en dix ans. Elle atteint 20 milliards de kilowattheures, ce qui représente sept fois la production de la centrale nucléaire de Mühleberg. En Allemagne toujours, avec 11 milliards de francs de chiffre d’affaires, la branche du solaire représente 30% du chiffre d’affaires total. En dix ans, la production d’énergie solaire a plus que quadruplé en passant à 3,5 milliards de kWh. Le nombre de places de travail liées à la branche du solaire s’élevait en 2007 à plus de 38‘000. En Allemagne, la production annuelle d’énergie renouvelable a augmenté de 60 milliards de kilowattheures entre 1998 et 2007. Cela correspond à la production annuelle de 22 centrales nucléaires comme Mühleberg.

Si la Suisse subissait une telle évolution, on atteindrait, en dix ans, une production équivalente à deux fois la centrale de Mühleberg. Cet exemple montre que si on le voulait, on pourrait abandonner progressivement le nucléaire au profit des énergies renouvelables!

Chez nous, au cours de la brève période comprise entre mai 2008 et janvier 2009, période durant laquelle les demandes de rétribution à prix coûtant du courant injecté (RPC) produit à partir des énergies éolienne, solaire, hydraulique et de la biomasse pouvaient être déposées à la Confédération, le nombre de nouveaux projets annoncés fut tel qu'une centrale nucléaire de la taille de celle de Mühleberg (production de 355 mégawatts) pourrait être remplacée.

Certaines villes et collectivités se sont engagées à se passer petit à petit de l’énergie atomique. Ainsi à Zurich, une large majorité de la population s'est prononcé en faveur d'une société à 2000 watts et en faveur de la sortie du nucléaire. Les Zurichois ont même accepté de se défaire de leurs participation à différentes centrales nucléaires.

Cette initiative offre un bel exemple de choix responsable et réaliste sur la question du nucléaire, et plus généralement de l’approvisionnement énergétique. D’autres villes ont déjà fait ce pas (Bâle, Genève) ou sont en train de le préparer.

Le Parlement du canton le plus critique de Suisse vis-à-vis du nucléaire va, lui aussi, faire preuve de bon sens et accepter, je l'espère, la motion 919.

Au point 1, il s'agit de prendre les dispositions nécessaires afin que notre canton n'achète que de l'électricité qui ne soit pas de source nucléaire, pour toute utilisation dans l'administration cantonale. La motion ne donne pas de délai. Le Gouvernement a donc tout loisir de procéder aux changements progressivement.

Au point 2, il est demandé de mener une politique volontariste et active – notamment par EDJ - afin de diminuer fortement la part d'électricité d'origine nucléaire dans le canton et de la compenser par des économies d'énergie et par des sources d'énergies renouvelables;

et en 4 que nos autorités interviennent auprès de la Confédération afin qu'elle se préoccupe plus sérieusement des conséquences des faibles doses de radioactivité sur la santé et de la répartition géographique des cas de leucémies infantile.
Merci de votre soutien

Merci à Ivan Godat pour son aide précieuse

Erica Hennequin, Verts, Groupe CS-POP+VERTS / 04.11.09










Par erica-hennequin, le 05/11/2009 à 17h42


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