Erica Hennequin

"Politique et Cie"

Pas à n'importe quel prix - Motion interne

DEVELOPPEMENT DE LA MOTION INTERNE N° 87: PAS A N'IMPORTE QUEL PRIX …

Vous savez sans doute que l'élevage des poules en batterie n'est plus autorisé en Suisse depuis 1992. Il est cependant possible d'importer des œufs produits dans ce type d'installations à l'étranger. Ils doivent alors obligatoirement porter la mention: "Elevage en batterie non admis en Suisse".

Ce qui est valable pour les poules ne l'est apparemment pas pour les humains!
Sept ans après les premières dénonciations sur les conditions de travail de quasi esclavage et les atteintes à l'environnement pour la production de nos fraises et de nos légumes hors saison, la situation dans le sud de l'Espagne ne s'est pas améliorée.
Nous parlons de quelque 80'000 ouvriers qui travaillent 9 à 10 heures par jour pour un salaire de 30 à 34 euros souvent payé partiellement, qui vivent dans des conditions de logement et d'hygiène misérables. Le fait que la moitié soit sans-papiers favorise cette misère.

Nous parlons de 40'000 ha de légumes dans la région d'Alméria (à l'est de Malaga) et 7'500 ha de fraises à Huelva (à l'ouest de Malaga). C'est une mer de serres qui a la superficie de plus de la moitié du canton du Jura. La forêt est détruite, les plastiques brûlés dégagent de la dioxine et des métaux lourds, les fraises sont chargées de pesticides, on trouve parfois plus de cinq fongicides différents. La région d'Alméria exporte près de 3 millions de tonnes de légumes par saison, ce qui correspond à environ 2,8 millions de tonnes d'eau potable, puisque les légumes sont composés de 95% d'eau. Les nappes phréatiques s'épuisent, même à 1'500 m de profondeur et les camions qui transportent ces produits de la honte à travers l'Europe émettent des tonnes de CO2.
Les fruits et les légumes ainsi produits sont vendus moins chers que notre propre production. Pas étonnant puisque les coûts sociaux et environnementaux ne sont pas pris en compte. Nos paysans ne peuvent – heureusement – pas produire à ces conditions. C'est de la concurrence déloyale pour les agriculteurs qui sont soumis à des critères stricts de production bio ou intégrée. Une conséquence de cette situation est que le consommateur a l'impression que les produits de chez nous sont trop chers!!!

La motion interne demande que le Gouvernement jurassien intervienne auprès des autorités fédérales pour les inciter à prendre des mesures visant à une amélioration des conditions de vie et de travail des employés agricoles, de diminuer la concurrence déloyale qui porte atteinte à l'agriculture de proximité et à l'environnement.
Elle demande que le Conseil fédéral s'engage dans les négociations internationales pour la mise en place de standards sociaux et environnementaux. C'est une demande réaliste car l'OMC estime que le principe d'égalité de traitement entre produits étrangers et produits indigènes doit être garanti.

Elle demande que dans les cas graves d'atteinte aux droits élémentaires des employés agricoles, les denrées alimentaires soient interdites d'importation.

Elle demande enfin, comme dans le cas des œufs pondus en batterie, une déclaration concernant les conditions sociales et environnementales des denrées importées en Suisse.

Pour leur dignité, pour notre dignité, pour un développement social et environnemental durable, je demande que le Parlement charge notre Gouvernement de transmettre cet appel au Conseil fédéral.

Nous aimons certainement tous les fraises, mais pas à n'importe quel prix …

Erica Hennequin, Verts, groupe CS-POP+VERTS / 24.10.07

Pour en savoir plus:
à la Télévision suisse romande
article dans Agrisodu
Fraises de Huelva

Par erica-hennequin, le 13/12/2009 à 16h57


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