Erica Hennequin

"Politique et Cie"

Le climat dans notre assiette ...

Développement du Postulat n° 297 à la tribune du parlement jurassien

Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs,

Si le Gouvernement affirme que les objectifs du postulat « Le climat dans notre assiette ... « sont atteints, c'est qu'il partage notre analyse de la question et qu'il a mis en place les instruments nécessaires à cet effet.
Je vais tout de même dire quelques mots sur les enjeux dont il est question.
La santé est de mieux en mieux prise en compte dans l'alimentation, même dans l'alimentation collective, avec par exemple le label « Fourchette verte », de plus en plus répandu.
Pourtant, on ne tient pas encore assez compte de l'empreinte écologique de ce que nous mangeons, à part peut-être quand il s'agit de l'importation de fraises et de primeurs tout au début de l'année qui sensibilise et choque beaucoup les consommatrices et les consommateurs.
Si nous voulons nous rapprocher d’une société à 2000 avec un confort durable, aussi pour les générations futures, nous devons réfléchir à notre alimentation. Pas en terme de restrictions, mais en terme d'équilibre, de fraîcheur, de diversité mais également en termes économiques pour nos producteurs locaux.
En Suisse, on estime que l'alimentation représente près de 30% de nos émissions de gaz à effet de serre, causées par la production, le transport, la transformation, le conditionnement et la vente.
Une part importante des émissions est due à la production de viande. Pour produire un kg de viande, il serait possible, dans le même laps de temps et une même surface, de cultiver près de 200 kg de tomates et 160 kg de pommes de terre. Pour 1 kg de bœuf, il faut aussi compter plus de 15'000 litres d'eau. A cela, il faut ajouter les GES produits par les émissions de méthane, mais aussi par le fumier et le lisier, le transport des animaux, les emballages de la viande et finalement le recyclage des différents déchets.
Dans les pays du sud, les impacts sociaux sont importants aussi. La production de viande occupe énormément de terres agricoles. Nous importons en moyenne 250'000 tonnes de soja par année dans notre pays.
Côté santé, une consommation trop importante de viande est un facteur de risque. Il est recommandé de ne pas en consommer plus de 3 kg par mois. Or, chaque Suisse en mangeait en moyenne 4,4 kg en 2005.
Loin de moi l'idée de vous convertir au végétarisme, mais ces quelques chiffres nous démontrent qu'il faut utiliser la viande plus parcimonieusement et la déguster plutôt que de l'engloutir.
Le postulat 297 demande au Gouvernement d'étudier comment il pourrait encourager la population et les professionnels à utiliser et à consommer moins de viande.
Il a plusieurs pistes à sa disposition. Par exemple, il peut proposer l'instauration de journées sans viande. Depuis 2009, cela se fait dans des villes comme Gent en Belgique, en Allemagne, au Brésil, aux États-Unis. L’idée est en train de faire son chemin à Genève. Pourquoi pas dans le Jura? C'est très simple et démontre qu'il est possible de bien manger sans produits issus de chair d'animaux. Ou suggérer de ne servir de la viande que deux à trois fois par semaine, ou servir des quantités plus petites mais surtout insister au niveau de la formation dans les cours du cycle obligatoire.
Le postulat demande aussi que la préférence soit donnée aux producteurs locaux et plus généralement de donner la priorité aux produits de saison et de proximité. Là, tout le monde est d'accord. D'ailleurs nous avons déjà voté dans ce sens plusieurs fois pendant cette législature.
J'ai fait quelques pointages pour savoir ce que l'on sert dans les cantines scolaires de notre canton.
D'après les réponses obtenues, des efforts importants sont faits pour servir de la bonne nourriture. Cependant et contrairement à ce qu'affirme le Gouvernement, les demandes du postulat ne sont pas réalisées.
Concernant les structures où de très jeunes enfants sont alimentés, beaucoup ont le label fourchette verte et presque toutes ont un jour par semaine sans viande. La plupart se fournissent dans le commerce local mais très peu chez les producteurs locaux. L'origine de la viande n'est pas toujours claire. D'après mes informations, le canton n'édicte pas de prescription pour la production locale mais recommande la fourchette verte.
Pour les plus âgés, l’objectif de réduire la consommation de viande n’est pas à l’ordre du jour. Presque toutes les cantines scolaires ont le label fourchette verte, mais les menus sans viande qu’ils proposent ne sont souvent pas attractifs et les jeunes se ruent sur le menu « avec ». D’autre part, au moins une cantine se fournit à la centrale d’achats DSR qui a mauvaise réputation, du moins chez les étudiants qui prétendent qu’on leur sert de la nourriture reconstituée.
Ces quelques éléments, Mesdames, Messieurs, démontrent que le postulat n’est pas réalisé.
Demandons donc au Gouvernement d’étudier comment il pourrait encourager les professionnels et indirectement la population à une meilleure nourriture pour la santé de tous et pour la planète ainsi que pour un accès plus équitable pour tous aux ressources alimentaires.
Merci de votre soutien.
Erica Hennequin, Verts, groupe CS-POP+VERTS


Par erica-hennequin, le 15/12/2010 à 23h18


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