Erica Hennequin

"Politique et Cie"

Autre succès de la journée...

EAU DU JURA (bis) Développement à la tribune

Quelle est donc la logique qui pousse à consommer de l’eau en bouteille ? Est-ce que quelqu’un aurait l’idée de respirer de l’air en bonbonne qui vient d’une région de montagne où l’air est réputé plus pur ? Ou de l’air délicatement parfumé ? On pourrait bien sûr l’acheter en paquets de six entourés d’un film plastique et il serait plus ou moins cher selon le prestige de l’entreprise, selon l’emballage ou encore selon le distributeur. On pourrait même le trouver à prix cassés!

Cet exemple est aussi irrationnel que de boire de l’eau en bouteille. Cela nous sauterait aux yeux si nous n’y étions pas habitués.

La publicité orchestrée par les entreprises d’embouteillage est très convaincante! On nous présente telle ou telle eau comme un bien pur et prestigieux. On nous assure que les eaux en bouteille contribueront à nous maintenir jeunes, sveltes et sains. ce n’est pas totalement faux, mais ces vertus le sont aussi pour l’eau du robinet. Mais surtout, rien ne justifie les campagnes de dénigrement orchestrées régulièrement par certaines marques contre l'eau du robinet qui contribuent à semer le doute dans l'esprit de l'amateur et l'amatrice d'eau et à en donner une mauvaise image.

En Suisse, l’eau potable et l’eau en bouteille ont des taux moyens de minéralisation très comparables. Sur le plan chimique, l’eau en bouteille et l’eau du robinet ne présentent pas de différence. Côté santé, des analyses sont faites régulièrement pour vérifier l'hygiène et la potabilité chimique des eaux en Suisse. Tous les réseaux sont continuellement contrôlés et à moins qu'on ne soit dérangé par le calcaire, un filtre ne se justifie pas, ni au niveau des métaux lourds, ni au niveau des pesticides, ni au niveau des bactéries.

Lorsqu’une pollution est signalée, la population est immédiatement informée.

Au niveau du prix, l’eau en bouteille peut coûter jusqu'à mille fois plus chère que l’eau du robinet mais la plupart du temps la proportion est de 300. Pour une personne qui consomme 1 litre d’eau potable par jour, cela lui coûtera 62centimes par an au robinet et 182.50 si on compte l’eau à 50 centimes le litre pour l’eau en bouteille. L’économie est donc de 181.90 par personne par an.

Côté écologique, il faut ajouter la fabrication du verre ou du PET, la mise en bouteille, l'énergie utilisée pour le transport, le recyclage, ainsi que les dégâts liés à l'exploitation excessive de certaines eaux souterraines. Jacques Neyrinck, dans une motion déposée en 2008 demandait l'interdiction de l'eau en bouteille. Il a calculé qu'en tenant compte de l'énergie grise, on arrivait dans le pire des cas à consommer trois litres de pétrole pour fournir un litre d'eau en bouteille, mais on estime qu’en moyenne il faut compter un peu plus de 3 dl de pétrole par litre d’eau importée.

Côté santé toujours, la conservation de l’eau dans des récipients en PET a des répercussions négatives : En effet, des microparticules, perturbatrices des hormones, se séparent petit à petit du plastique et vont se dissoudre dans l’eau, où elles seront consommées.

Ethiquement parlant il est difficile de justifier qu’on dépense tellement d’argent pour de l’eau que nous avons fraîche et de qualité, accessible dans chaque bâtiment.

Ce que nous demandons par cette motion :
Au point 1, que dans les services de l’état, on renonce à l’achat d’eau en bouteille. Des carafes doivent être mises partout à disposition dans les services, lors de réunions ou de réceptions. La motion propose même, si le robinet n’est pas assez prestigieux, d’installer des fontaines à eau, mais raccordées au réseau.

L’Etat doit montrer l’exemple : il n’est pas logique d’acheter et de boire de l’eau en bouteilles alors qu’on a fait d’énormes sacrifices pour l’avoir directement dans les maisons, abondante et bon marché.

Au point 2, de promouvoir l’eau du robinet auprès des collectivités, des particuliers et des entreprises – dans le cadre de la concrétisation de sa politique de développement durable. L’achat de l’eau minérale est l’antithèse du développement durable que -presque- tout le monde prône, il s’agit ici seulement et uniquement de business.

Et au point 3. d’inciter les restaurateurs à servir des carafes d’eau gratuitement pour accompagner les repas. Personnellement, j’accepte que l’on me facture un ou deux francs la carafe, mais il est inacceptable de refuser de l’eau du robinet.

Lors de la discussion sur la motion EAU DU JURA , le 27 janvier 2010, le Gouvernement, par la voix du ministre de la santé de l’époque, admettait qu’en Suisse, l’eau potable bénéficiait de normes de qualité très strictes et que la consommation d’eau en bouteilles ne se justifiait pas. Déjà à cette époque, il nous informait que sur conseil du chimiste cantonal, le Service de la santé avait renoncé à la consommation d’eau en bouteilles.

Mesdames, Messieurs, ce qu’un service peut faire, les autres le peuvent aussi. Il suffit d’acheter quelques carafes supplémentaires. Pour la motion précédente, je voulais ajouter un peu de panache à la demande en proposant que le canton se dote de jolies carafes originales qui auraient aussi pu être commercialisées dans les offices du tourisme. J’ai renoncé à cette demande car elle n’était pas importante mais je pensais que c’était un élément qui pouvait faire pencher la balance.

Pour terminer, j’aimerais répéter que contrairement à ce qu’affirmait le Gouvernement en janvier de l’année dernière, cette motion n’interdit ni la possession, ni la consommation de l’eau en bouteille.

Nous demandons simplement que l’Etat, à l’instar d’autres collectivités, cantons ou villes, n’en achète plus, pour des raisons d’exemplarité, de logique et de raison.

Je vous remercie de soutenir la motion EAU DU JURA (bis)

28.09.11 / Erica hennequin, Verts, groupe CS-POP et VERTS




Par erica-hennequin, le 06/10/2011 à 07h01


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