Erica Hennequin

"Politique et Cie"

Coup de tonnerre, la motion "Glyphosate trop toxique" a été acceptée!

GLYPHOSATES, TROP TOXIQUES ...

Développement de la motion à la tribune du Parlement
Le 20 mars 2015, l’OMS a classé cinq pesticides dont le glyphosate, "cancérogènes probables pour l’Homme". Le glyphosate est le principe actif du désherbant Roundup de Monsanto, le plus répandu dans le monde.

Il s’agit tout d’abord d’une question de santé, de santé publique.

On peut dire qu’en général, la population est exposée à une multitude de pesticides via les produits alimentaires qu’elle consomme au quotidien. Dans les régions agricoles, ces substances se retrouvent en suspension dans l’air, polluent les sols et les cours d’eau et peuvent être absorbées par des espèces de plantes ou d’animaux non ciblées. On pense ici aux abeilles.

Parmi les plus exposés aux pesticides, on trouve les agriculteurs et les personnes chargées d’appliquer les pesticides. Les effets de cette exposition ont été prouvés par des analyses de sang et de cheveux.
Après les professionnels, ce sont les fœtus lorsque les femmes ont été exposées aux pesticides durant leur grossesse. Il y a aussi les jeunes enfants qui sont plus vulnérables que les adultes.

J’ajourerai que l’impact de l’utilisation de pesticides se posent aussi sur le long terme, même après l’interdiction de certaines de certaines substances.

Le Roundup agit comme inhibiteur d’une enzyme spécifique chez les plantes. Il les élimine tout simplement. Le Centre international de recherche sur le Cancer, l’IARC, une agence de l’OMS, l’a classé comme probablement cancérogène chez l’homme en raison d’un certain nombre de preuves de lien avec les lymphomes non hodgkiniens – dit cancer du sang - et par de nombreuses preuves chez l’animal concernant un risque de perturbation endocrinienne, d’effets néfastes sur le système reproducteur et de tumeurs. On a vu ce printemps un reportage sur les conséquences du glyphosate sur les animaux de ferme en Allemagne, notamment sur les porcs, avec des images de malformations qui donnent froid dans le dos !

Cette substance est également l’herbicide le plus utilisé dans l’agriculture suisse. Son usage est indirectement subventionné par la Confédération, dans le cadre d’une des cultures sans labour qu’on appelle le semis direct. La méthode permet bien de lutter contre l’érosion mais elle est liée à l’emploi de glyphosate.

Ce pesticide se retrouve notamment dans notre corps à travers l’alimentation. Une étude européenne en a révélé des traces dans près de la moitié des personnes testées.

En septembre de cette année, l’émission A Bon Entendeur de la RTS a réalisé ses propres tests en Suisse romande. On a trouvé des traces de glyphosate dans l’urine de plus de 37% des volontaires.
Un toxicologue indépendant a souligné que le glyphosate ingéré ne reste pas longtemps dans le corps car il est éliminé au bout d’un ou deux jours. Cela signifie donc que cette population ingère ce pesticide de manière chronique, permanente, malgré le fait que son usage soit interdit sur les cultures avant leur récolte.

Comme toujours dans ces situations, les autorités ont tendance à ne pas prendre leurs responsabilités et à commander de nouvelles études … pourtant, on peut dire que la situation est en train de changer. Les deux géants de l’alimentation en Suisse ont retiré les produits à base de glyphosate de leurs rayons après l'annonce de l'OMS. Bravo ! C’est courageux mais cela laisse le champs libre et le aux enseignes moins regardantes sur la santé des gens et de l’environnement.

Je rappelle ici que c’est l’ingrédient actif de plus de 750 produits utilisés dans les domaines de l’agriculture, de l’entretien des forêts en milieu bâti et dans le cadre domestique. Son utilisation a plutôt tendance à augmenter dans les cultures. On en utilise 300 t par an en Suisse. On peut donc estimer à 3 tonnes, 3000 kilos, la consommation dans notre canton.

Partout, des interventions sont faites pour en demander d’interdiction. Une des vraies questions est : Pourquoi on tient davantage compte des intérêts de l’industrie agrochimique que de la sécurité de la population ?

De nombreux agriculteurs et agricultrices de partout ont abandonné le RoundUp pour des méthodes de désherbage plus naturelles. Des collectivités publiques arrêtent d'asperger les jardins publics et les alentours des écoles avec ce dangereux pesticide. Et elles ne sont pas envahies par les mauvaises herbes, contrairement à ce que laisse entendre la propagande de Monsanto!

Les associations de consommateurs demandent à l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) et à l’Office de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) qu’ils retirent les autorisations de vente, par mesure de précaution et que les consommateurs soient mieux protégés.

La France a annoncé la fin de la vente en libre-service dès janvier 2016.

Toutes ces raisons justifient d’user de notre souveraineté cantonale puisqu’il s’agit d’une grave question de santé publique qui nous touche chacun, surtout les plus petits.

La motion demande quatre mesures :


  • La première est que le Gouvernement veille à ce que les services étatiques et paraétatiques renoncent totalement à l’utilisation de glyphosate. Des efforts dans ce sens sont déjà faits et je me réjouis d’entendre que le canton entend les supprimer totalement dans ses structures.

  • Au point deux, le Gouvernement s’engagera dans une campagne d’information d’envergure auprès de tous les milieux qui font usage de cette substance pour en réduire au plus vite l’utilisation. L’objectif est de convaincre les utilisateurs et de leur indiquer des alternatives, que ce soit aux professionnels ou aux particuliers.

  • Le point trois de la motion est contesté par le Gouvernement. Il s’agit de s’assurer que les jardineries et les grandes surfaces retirent immédiatement ces produits toxiques de leurs rayons. Ce point est pourtant fondamental car, comment les clients de ces surfaces de vente comprendraient-ils le message ? D’une part, on leur explique que les produits vendus sont extrêmement dangereux et d’autre part, on ne veut pas en interdire la vente. Je profite de la tribune pour dire bravo à Coop et Migros. Cela leur donne maintenant une bonne crédibilité.

  • Au dernier point, nous demandons que le canton dépose une demande expresse d’interdiction d’usage sur le territoire suisse auprès des autorités fédérales compétentes. Ce serait cohérent, surtout avec point deux. On interdit la vente dans le Jura mais à quelques kilomètres, ces produits seraient en vente libre. Il faut rappeler que le parlement a déjà une fois chargé le Gouvernement d’intervenir auprès des autorités fédérales s’agissant de la fermeture de Mühleberg. Ce ne serait donc pas une première.

Nous savons que les consommateurs plébiscitent l’interdiction du Roundup. De plus en plus de voix s’élèvent contre ce produit. Des pétitions fusent car le politique n’est pas à l’écoute des citoyens .Nous ne sommes pas à la solde de Monsanto. La santé des gens est plus importante que l’aspect commercial. Même le pape François, dans sa dernière encyclique explique que les hommes, enfin les humains, doivent prendre soin de, je cite : notre maison commune, la Terre.

Chers collègues député-es, ce produit sera interdit tôt ou tard et vous le savez ! Alors pourquoi attendre ?

Dans l'esprit d'une alimentation de proximité (et pour son exportation), l'interdiction du Roundup est un super atout pour promouvoir nos produits agricoles locaux et … notre tourisme. Ce serait une belle carte de visite !

Je peux d’ores et déjà vous annoncer que je ne scinderai pas ma motion.

Merci de votre attention et – j’espère – de votre soutien.

Deuxième intervention à la tribune sur le même thème :

Je vous ai annoncé tout à l’heure que je ne scinderais pas ma motion afin que le débat puisse porter sur l’ensemble et pas seulement sur les deux points acceptés par le Gouvernement.

Je le remercie d’ailleurs sincèrement pour ce soutien mais malheureusement, ce n’est pas suffisant.

J’aimerais en particulier revenir sur le point 3, essentiel pour que quelque chose de concret soit entrepris. Il s’agit de l’interdiction de la vente du Roundup et autres produits à base de glyphosate.

Monsieur le Ministre, et Messieurs les députés, vous arguez qu’il n’est pas possible de l’interdire parce que le canton n’a pas cette compétence. Pourtant le canton a pris des mesures dont il a été dit que ce n’était pas possible pour un canton.

C'est dans la loi sur la protection de la nature et du paysage, à l’article 32 alinéa 2, s’agissant des plantes néophytes envahissantes, l’interdiction, entre autres, de les vendre. Le législateur a donc estimé qu’en cas de menace ou de danger, la liberté de commerce était à reléguer au second rang. Idem pour les cabines à bronzer pour les mineurs.

On remarque donc qu’il y a possibilité de les interdire de vente et cela d’autant plus aisément que les deux grands supermarchés suisses l’ont fait

J’en profite pour remercier les lycéennes et les lycéens qui ont pris la peine d’écrire à tous les députés pour leur donner leur avis sur cette motion et leur demander de la soutenir.
Belle initiative citoyenne !

Je remercie aussi par avance les députés qui seront d’accord d’envoyer un signal fort aux autres cantons et à la confédération.

Merci de votre soutien

Delémont, le 28 octobre 2015


Par erica-hennequin, le 12/03/2016 à 07h26


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