Erica Hennequin

"Politique et Cie"

Oui aux classes à multi-degrés ...

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Développement de la motion à la tribune du Parlement jurassien:

Avant de vous parler de la motion 1132 proprement dite, laissez-moi souligner que les classes à degrés multiples ne sont pas toujours un choix par défaut. Ceci est important. J’ai bien relevé le souci de quelques-uns de mes collègues député-es qui craignent que l’on impose à des communes jurassiennes des méthodes dignes de villages reculés de montagne ou autres endroits difficilement accessibles. Qu’ils soient rassurés !

Evidemment que cela a été le cas et pourrait encore l’être. Cependant, dans de nombreuses situations, les classes à multi-degrés sont la conséquence d’un choix qui répond à plusieurs critères, notamment celui d’un enseignement plus vivant et plus collaboratif, sur le déplacement des enfants, sur la vie de village et sur la qualité de l’enseignement dans une petite commune plutôt que dans une plus grande.

Il existe de nombreux exemples d'enseignement en classes à niveaux multiples : dans certains cantons jusqu'à 23% des classes fonctionnent ainsi. Je vais vous citer deux exemples.

Depuis 2013, dans le cadre d'une révision de la loi sur l'école obligatoire, la direction de l'instruction publique du canton de Berne permet aux communes, de mettre en place des classes appelées " Basisstufe". Un enseignement commun est dispensé aux élèves âges de 4 à 8 ans, donc de la première à la quatrième Harmos comprenant les deux années dites enfantines et les premières primaires.
Pour la direction de l'instruction publique, le passage des activités ludiques à un apprentissage systématique se fait en douceur.

L'enseignement est basé sur le PER, le Plan d'étude romand sur lequel nous nous basons également dans le canton du Jura.

Dans la ville de Zurich, certaines écoles choisissent à nouveau la pédagogie à multi-degrés. Cet exemple démontre que nous parlons d’un système tout à fait moderne et citadin.

Un rapport d'évaluation de la Haute école pédagogique de St-Gall datant de 2010 et se basant sur 151 classes conclut que le modèle à multi-degrés est un succès. Les résultats des élèves sont analogues à ceux des classes à degré unique mais les compétences sociales sont plus développées.

Dans le canton du Jura, de maintes demandes d'ouvertures de classes à degrés multiples ont été faites, notamment pour permettre à de très jeunes enfants de suivre l'école dans leur localité.

Le service de l'enseignement doit avoir plus de souplesse, il doit pouvoir faire des propositions allant dans le sens de la motion lorsque la situation s'y prête.

Avec la stratégie de développement territoriale du canton pour 2030, qui prévoit de renforcer la vie sociale et économique des villages pour maintenir la population, le maintien de l'école et de classes est primordial. Un village sans école est un village dortoir. Quand on a fermé l'école de Soubey, la dernière famille avec enfants au niveau primaire a déménagé.

On pouvait lire le 12 janvier dans le quotidien le Temps, que la grande majorité des Suisses préféreraient vivre dans un village ou une petite ville disposant de bonnes infrastructures. Ceci doit nous interpeller !

Les récents articles dans des médias jurassiens suite à la conférence de presse du groupe de promotion des classes à degrés multiples ont produit de nombreuses réactions de soutien, que ce soit de la part de particuliers, de parents ou de communes qui souhaitent que, comme nous, les classes à multi-degrés deviennent une alternative possible aux fermetures de classes et aux transports quotidiens des plus jeunes écoliers.

Mesdames, Messieurs, il y a beaucoup de raisons objectives pour que le service de l'enseignement intègre systématiquement dans sa palette de propositions, lors de modifications du nombre de classes dans une localité, l'idée d'une structure à plusieurs degrés. Non pas de l'imposer, mais de l'envisager. ..

Tel est le sens de la motion 1132, que les classes multi-degrés deviennent une alternative possible.

La motion demande également de prévoir un complément de formation aux enseignants concernés. En effet, l'enseignement à plusieurs degrés requiert des compétences spécifiques. Il nécessite plus de préparatifs et une gestion du temps et de l'espace rigoureuse ainsi qu'une attention particulière à la coopération entre élèves.

Nous faisons confiance au Département pour trouver, éventuellement en collaboration avec des cantons voisins, des solutions.
Une possibilité serait une sensibilisation des futurs enseignants dans le cadre de leur cursus à la HEP, puis des cours spécifiques en formation continue. Les budgets existent déjà à cet effet.

Merci de votre attention



Intervention deuxième partie

La question ici n’est pas d’être pour ou contre les classes à multi-degrés mais d’envoyer un signal pour demander que cette variante soit prise en considération et discutée chaque fois que les communes ou les commissions d’école le demandent. Effectivement, la loi actuelle ne l’interdit pas mais jusqu’à présent, le service de l’enseignement n’est pas entré en matière.

On n’impose pas, on propose !

J’aimerais aussi répondre au Ministre et à quelques députés concernant les buts fixés par le Plan d’étude romand, le PER.

Renseignements pris auprès du Service de l’enseignement de la partie francophone du canton de Berne, les objectifs du PER sont parfaitement assurés. Les communes reçoivent de la part du département, une enveloppe d’heures pour atteindre ces objectifs. Etant donné que certains degrés ont droit à plus d’heures de quelques matières, de français par exemple. Ils les reçoivent alors, par petits groupes si nécessaire.

Concernant les coûts, oui, les classes à multi-degrés coûtent un peu plus cher. Et les communes le savent et elles sont d’accord afin de maintenir une ou des classes dans leur village. Il s’agit de faire une autre analyse financière, en tenant compte également des déplacements des enfants et des frais de déplacements.

Et, Monsieur le député XX, non, ce n’est pas un retour en arrière ce serait plutôt, si vous voulez parler pédagogie, d’une nouvelle tendance initiée par les villes.

Merci à vous tous et toutes de votre soutien à la motion 1132 qui lance simplement un signal, je le répète, pour plus de souplesse de la part du Département et du service concernés. Il ne s’agit pas d’un changement du système scolaire jurassien, mais la possibilité, dans des situations ou tous les acteurs le souhaitent, de rendre possible les classes à multi-degrés.

Pour des villages accueillants, et aussi pour les familles !

Merci de votre attention

Erica Hennequin, Verts, groupe VERTS ET CS-POP

24.02.16

Encore un mot. Transformation en postulat ? Non, cela n’a pas de sens puisque les demandes de la motion ne sont pas impératives. Et, comme je l’ai souligné, de nombreuses études ont été faites récemment.




Par erica-hennequin, le 12/03/2016 à 07h43