Erica Hennequin

"Politique et Cie"

Le Parlement jurassien confirme ...

DÉVELOPPEMENT À LA TRIBUNE DU PARLEMENT JURASSIEN

Peu de temps après que le glyphosate aiété classé cancérogène probable, par l’Organisation mondiale de la santé, le parlement jurassien acceptait la motion n° 1125, Glyphosate, trop toxique La motion demandait entre autres que le Gouvernement s’assure qu’il ne soit plus vendu de glyphosate dans le Jura. Il devait également informer les utilisateurs potentiels sur les dangers du de ce produit et ne plus utiliser ce pesticide dans les services de l’Etat.

Au moment du dépôt de la motion interne que nous débattons aujourd’hui, la précédente, Glyphosate, trop toxique n’était pas entièrement réalisée. Entre temps, le canton a fait un effort considérable d’information, que ce soit aux utilisateurs potentiels ou dans les médias, à tel point qu’on pouvait imaginer qu’il n’y aurait plus de glyphosate dans la République et Canton du Jura. Nous avons pu vérifier cela en récoltant des signatures pour la Déclaration de Courtételle puisque les personnes que nous voulions faire signer nous répondaient qu’ils ne comprenaient pas notre démarche puisque le glyphosate est interdit dans le Jura. En fait, l’interdiction est du seul ressort de la Confédération. Il faut donc comprendre que cette motion interne que nous traitons aujourd’hui va dans ce sens et devrait en plus renforcer et soutenir l’action du canton auprès de la Confédération.

Je vous rappelle aussi que le 23 novembre 2016, notre législatif acceptait la motion no 1158, Protégeons nos abeilles !, qui demandait au Gouvernement jurassien de mettre en place un programme de réduction des pesticides (insecticides, herbicides et fongicides) d’au moins 50% (une demande des apiculteurs et des pêcheurs), en attendant que la Confédération mette en œuvre son plan d’action national contre les pesticides.

Entre temps, au niveau européen, la Commission européenne a décidé de renouveler l’autorisation du glyphosate sur son territoire pour cinq ans – alors qu’on départ, on parlait de 15 ans! La France a d’ores et déjà annoncé qu’elle en sortirait dans les trois ans. Pourtant, la saga européenne n’est pas terminée puisque le parlement examine en ce moment la possibilité d’un recours en annulation de la réautorisation.

On parle beaucoup de l’effet cancérigène de ce pesticide. Or, ce n’est qu’un de ses effets pervers. Il est aussi tératogène (il est responsable de malformation congénitales), ce qui a été démontré dans une étude de la faculté de médecine de Buenos Aires sur des embryons de grenouilles et de poussins.

Savez-vous qu’à l’origine, dans les années soixante, le glyphosate avait été conçu pour servir de détergent dans les installations industrielles ? Et cela pour son effet chélateur de métaux, capable d’absorber les métaux avec lesquels il entre en contact. Il attire les métaux lourds présents dans l’environnement pour les rendre assimilables par les organismes vivants. Monsanto, principal fournisseur, a aussi obtenu un brevet en 2010 sur une autre fonction du Roundup, celle d’antibiotique capable de neutraliser les bactéries. Les bonnes comme les mauvaises !

De plus, selon un article scientifique paru dans le Journal of Experimental Biology, en 2015, on apprend que le glyphosate agit également sur les abeilles mellifères. Les mêmes symptômes que ceux causés par les néonicotinoïdes sont décelés chez les insectes en contact direct avec le glyphosate, à savoir perte de l’orientation, puisque ce produit agit au niveau du système nerveux.

C’est beaucoup pour un seul produit ! Notre canton avec son économie agricole importante doit continuer à s’engager pour une agriculture qui prend au sérieux la santé de la population et le maintien des bases de vie.

Ce qui est demandé aujourd’hui, c’est que notre parlement exerce son droit d’initiative cantonale en matière fédérale – prévu dans la Constitution jurassienne - pour demander aux Chambres fédérales d’interdire au plus vite la commercialisation et l’utilisation du Roundup ainsi que des produits semblables contenant du glyphosate sur tout le territoire suisse.

Nous savons que la Confédération a à plusieurs reprises affirmé que les connaissances scientifiques actuelles ne justifient pas d'intervenir. Cependant, les études contradictoires ne sont pas fiables, des chercheurs ont été soupçonnés de conflit d'intérêts, comme cela a été révélé par le Tribunal Monsanto et les Monsanto Papers.

Madame la Présidente, Mesdames, Messieurs, la population est inquiète et a du mal à comprendre l’inertie des milieux politiques. Dans le Jura, faisons bien notre job et n’hésitions pas quand il s’agit de la santé publique !

Merci de votre attention


Deuxième Intervention après celle du ministre Jacques Gerber et des représentants des groupes parlementaires


Tout d’abord, un immense merci à nos collègues et bien sûr aussi au Gouvernement, qui soutiennent la motion interne n°130. J’en suis d’autant plus satisfaite que le Gouvernement n’avait pas d’obligation de s’exprimer puisqu’une motion interne dépend du seul législatif.

Avec l’acceptation des motions précédentes sur les pesticides en général et le glyphosate en particulier, le parlement a délivré un message clair. Pourtant, il n'y a toujours aucune contrainte dans le Jura, puisqu’une interdiction de ce genre de produits est du ressort de la Confédération. Tout au plus a-t-il interdit son utilisation dans les services de l'Etat et sensibilisé les utilisateurs potentiels.
La position jurassienne doit maintenant être relayée au niveau fédéral. Le dossier est à ce point sensible la Suisse devra un jour s’en inquiéter sérieusement. Peut-être cette fois-ci ?

Concernant les méthodes de substitution, elles existent. Sinon, comment feraient les producteurs bio ? Le travail du sol s’effectue différemment. Les cinq agriculteurs et producteurs bio – sur douze au total - de ce législatif pourront vous le confirmer.

Quand à la concurrence avec les produits importés, il faut la prendre au sérieux mais quand on voit la tendance de l’augmentation de demande des consommatrices et consommateurs, on voit bien que ce sont les produits sans pesticides et les produits locaux qui voient une meilleure progression de vente.

Je ne voulais pas parler spécifiquement de l’agriculture mais je dois réponde à mes collègues et à monsieur le Ministre. Vous nous laissez entendre que c’est mieux en Suisse parce que mieux réglementé. Ce n’est pas juste ! J’ai ici des chiffres de 2009. Par hectare, la Suisse utilise 4,5 kg de produits phytosanitaires (pesticides donc) alors que c’est 2,4 kg en Autriche et 2,7 kg en Allemagne. Oui, presque le double en Suisse, selon l’OFEV.

Et pourquoi donc la Confédération travaillerait-elle depuis des années sur un plan national de réduction des pesticides si, comme vous le dites, on en utilise si peu ici ?

Le débat doit continuer, merci de votre soutien.



Delémont, le 31 janvier 2018 Erica Hennequin, Verts, Groupe VERTS et CS-POP









Par erica-hennequin, le 04/02/2018 à 12h23