Erica Hennequin

"Politique et Cie"

D'où vient notre café?

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Visite à Yachil Xojobal – San Cristobal de las Casas

Résister au moyen du café !

Après une vingtaine de minutes de route depuis le centre, arrivée devant le bureau de Yachil Xojobal. À la périphérie de San Cristobal, le long d’une rue non goudronnée, la petite maison est en rénovation. Un deuxième étage est en construction et deux hommes y travaillent durement.
Petite attente puis nous sommes reçus par Alberto, président de l'organisation, Francisco, représentant légal, Gabriel, responsable commercialisation, Pedro pour l'administration.
Ils ne sont pas rémunérés, continuent de travailler dans les plantations et assument leur fonction pour deux ans. C'est difficile de concilier ces activités mais ils le font volontiers. C'est un service au peuple.
Yachil est une coopérative zapatiste qui regroupe 783 producteurs de huit municipios des Hauts du Chiapas. En plus des quatre fonctions citées, des commissions participent à la gestion de la coopérative.
Dans chaque municipio, on trouve un ou deux responsables ainsi qu'un centre de collecte de café. La qualité globale ainsi que le respect des normes agrobiologiques sont contrôlées en interne et par Certimex, organisation de certification officielle.
Les contrats sont rédigés en novembre et la récolte se fait entre novembre et mai.
En Suisse, c'est Gebana qui reçoit le café, commercialisé sous le nom de RebelDía. 27 tonnes sont envoyées au total.
Les années précédentes, les cultures ont souffert de la roya, une maladie cryptogamique. Actuellement, les arbres ont récupéré à hauteur de 80 - 90%. Pendant les temps forts de l'attaque du champignon, les livraisons à l'Europe ont été complétées par la production d'une coopérative du Oaxaca qui poursuit des buts similaires.
Les autres producteurs sont sous pression des coyotes, les acheteurs pour le marché global, qui les pervertissent pour qu'ils augmentent leur production. Donc utilisation de produits chimiques pour répondre aux attentes.
Il y a deux ans, des tensions, ont éclatées dans deux municipios, dont celui de Chenalho. Les producteurs ont été empêchés de faire la récolte. Nos interlocuteurs ne sont pas habilités à parler des problèmes de sécurité dans les municipios, ce sont les « juntas de buen gobierno » qui s’en chargent et qui documentent avec précision les attaques qu’ils subissent de la part des paramilitaires ou d’autres groupements.
Leur travail est valorisé par des clients solidaires qui soutiennent leur lutte et la résistance. Ils apprécient la relation directe avec nous.
Résister au moyen du café, tel est leur mot d’ordre !

SCLC 24.07.19

NB. Pas de photo car ils n'ont pas leur passe-montagne!



Par erica-hennequin, le 08/08/2019 à 08h35