Erica Hennequin

"Politique et Cie"

Violences pour remplir les réservoirs ...

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Discours à Delémont, à l'accueil du Train contre la faim

Chers amis, Mesdames, Messieurs,

En février, dans la région d'Ulianopolis, au nord de l'Amazonie brésilienne, une délégation suisse a rencontré M. Zancaner, directeur de Pagrisa, une entreprise où on cultive et transforme la canne à sucre. Il nous a parlé d'un partenariat avec la population d'un village avoisinant et de l'importance de mener des projets sociaux. C'est l'aspect social de son travail qui l'intéresse, nous a-t-il dit. Sans le côté social, il ferait autre chose. Les bénéfices sont moins importants. D'ailleurs, en 2008, il n'a pas fait de bénéfices!
La réalité maintenant: en 2008, il a acheté deux petits avions et lui et son frère sont toujours en procès. Ils ont fait recours à leur condamnation en justice. En effet, en 2007, il y a eu dans leurs champs, la plus massive libération d'esclaves jamais faite au Brésil depuis la création des groupes d'inspection mobile! 1064 personnes!

Au Brésil, d'autres esclaves ont été libérés depuis. Les champs de canne à sucre sont généralement très éloignés, d'où la difficulté de contrôler les conditions de travail et de vie. Les travailleurs dépendent totalement de leur employeur: pour le logement, la nourriture, l´habillement, l'hygiène, la santé, la sécurité au travail etc. et dans le cas de Pagrisa, non seulement ces besoins de base n'étaient de loin pas assurés, mais ils ne touchaient que partiellement leur maigre salaire .

Les enjeux financiers liés à la terre et aux productions de fourrage et de matières premières pour nos réservoirs sont colossaux et les terres sont souvent acquises par des moyens de pression.
Dans la zone côtière de Permambuco, dans le nord-est du Brésil, les meilleures terres sont utilisées pour la canne à sucre. Certians latifondistes en possèdent jusqu'à 40 mille hectares. Padre Tiago, prêtre catholique de la Commission de la Pastorale de la Terre, récemment en visite en Europe, expliquait qu'avec de telles étendues de terres, ils ont tous des milices privées. Ces milices, armées, terrorisent la population, les inspecteurs des groupes mobiles, les défenseurs de droits humains ainsi que les membres de la Pastorale. Les barons de la canne à sucre ont souvent à leur service le préfet, les autorités et la police locale.
Padre Tiago ajoutait que ici, en Europe, beaucoup parlent de production de bioénergie propre, durable et renouvelable. C'est impossible. Ce sont des mythes. La production de l'éthanol au Brésil, non seulement ce n'est pas propre, c'est aussi invivable, ce sont ses termes. Invivable économiquement, politiquement, socialement et une dévastation écologique, sans parler de génocide culturel.
A Bélem, le procureur spécial de l'Etat du Para nous parlait du problème de la déforestation illégale et de l'impossibilité de rendre la justice, tant la violence et les menaces sont grandes.

Ceci pour expliquer notre perplexité lorsque nos autorités, ici, dans le Jura affirment vouloir importer de l'éthanol certifié et contrôlé!

Pourquoi ne pas envoyer les policiers jurassiens pour faire respecter les lois au Brésil au lieu de les engager pour protéger les multinationales des manifestants soi-disant semeurs de troubles ?

Quelques mots encore sur le CIAD et son futur proche:
Le CIAD est donc le Collectif contre l'Importation d'Agrocarburants à Delémont – et en Suisse - créé en mai de cette année dont vous trouvez des dépliants sur les bancs.

Il est membre de la plate-forme suisse agrocarburants et regroupe une trentaine d'organisation: des organisations nord – sud, environnementales, de défense des droits humains, d'agriculteurs, de médecins, des syndicats, des partis politiques etc.
Récemment. StopOGM a adhéré et la Fédération romande des consommateurs vient de décider de soutenir nos revendications et va se prononcer prochainement sur l'opportunité d'adhérer formellement au collectif.

Le CIAD compte aussi plus d'un millier de signataires

En plus des atteintes aux droits humains que je viens de mentionner, le CIAD s'oppose à l'importation d'éthanol de canne à sucre du Brésil également en raison du fait que les agrocarburants aggravent la faim dans le monde.

• Le CIAD va continuer son travail d'information et de sensibilisation.
• Il va aussi chercher à savoir pourquoi Greenbioenergy est une organisation tellement opaque …
• Il continuera à travailler sur le dossier des oppositions à la construction de l'usine. Le collectif est lui-même opposant.
• Il va faire du lobbying pour que la commune de Delémont n'octroie pas d'autorisation de construire à Greenbioenergy.

Nous attendons de autorités delémontaines qu'elles prennent leur responsabilité.

Le CIAD va leur rappeler que le Conseil de ville a voté une résolution qui demande "de surseoir à la demande de permis de construire tant que les demandes de moratoire au niveau cantonal et fédéral ne sont pas traitées et tant qu'une source d'éthanol provenant d'un procédé acceptable sur les plans éthiques, sociaux et environnementaux n'a pas été trouvée".

16.10.09/eh




Par erica-hennequin, le 17/10/2009 à 06h43


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