Erica Hennequin

"Politique et Cie"

De la canne à sucre dans nos moteurs: Projet jurassien

DE BONNES RAISONS DE DIRE NON!

Dans le Quotidien jurassien du 20 janvier, on pouvait lire la confirmation qu'une usine de "bioéthanol" était projetée à Delémont. Planifiée par la société Greenbio Energy, d'origine suédoise, qui prévoit d'ailleurs aussi l'implantation à Zurzach d'un complexe destiné à produire du biodiesel, l'usine est devisée entre 50 et 100 millions de francs et va transformer de la canne à sucre du Brésil en alcool et en carburant pour le marché suisse et européen.
C'est, selon le journal, le plus grand projet industriel jurassien.
En octobre, je demandais au Gouvernement jurassien, dans une question écrite, outre des informations sur la qualité et l'origine des substrats qui seraient utilisés à Delémont, s'il ne trouverait pas judicieux de s'engager pour un moratoire sur ce type de carburants. En effet, il y a eu une prise de conscience sur le fait que des terres fertiles ou des forêts vierges étaient prélevées pour faire rouler nos véhicules et de plus en plus de voix se font entendre pour demander un gel des investissements sur le développement des carburants d'origine végétale cultivés à cet effet. Selon la FAO, 100 millions de tonnes de denrées alimentaires de base sont retirées du marché mondial pour faire le plein des véhicules et contribuer ainsi à l'augmentation de la malnutrition et à la hausse du prix des aliments. D'autre part, des êtres humains travaillent dans des conditions abominables dans les champs canne à sucre. On estime qu'il y a actuellement au Brésil, le plus grand exportateur de canne à sucre au monde, entre 25 et 50'000 personnes qui font du travail esclave!
Dans sa réponse, le Gouvernement jurassien se réfugie derrière la position du Conseil fédéral qui affirme que la Suisse est le premier pays à avoir introduit dans sa législation des critères strictes au niveau écologique et social pour l'octroi d'allègement fiscaux et que le pays fait œuvre de pionnier dans ce domaine. Or au Brésil, au mois de janvier, tous nos interlocuteurs nous ont affirmés qu'il était impossible de garantir des conditions de travail conformes à la législation du pays et aux Conventions de l'OIT, tant les pressions et la corruption sont grandes, en particulier là où les enjeux financiers sont importants.
La conséquence logique a été le dépôt, le 28 janvier d'une motion qui demande un moratoire de cinq ans dans le canton, à l'instar de celui demandé au niveau fédéral.
Il s'agit de suivre le dossier des agrocarburants ainsi que le projet de Delémont avec attention, car dans l'état actuel des connaissances, il est exclu de laisser construire cette usine sans réagir.

- Voir dans ce blog, les photos dans la galerie ainsi que le témoignage
- Deux exellents articles d'Amnesty international: La canne à sucre use la main d'oeuvre et Réservoirs pleins et ventres vides
- Lire aussi dans le Spiegel du 23 janvier 2009 l'article "Du sang dans le réservoir" (en allemand)
- Pétition pour un moratoire, destinée au Conseil fédéral: A signer - jusqu'à fin avril 2009 ICI

Par erica-hennequin, le 08/03/2009 à 13h12


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