Erica Hennequin

"Politique et Cie"

Centrales à charbon (bis) - Développement à la tribune

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Développement à la tribune de l'interpellation sur les projets de centrales à charbon des FMB

"La Suisse n'a jamais exploité de centrale à charbon et elle a toujours produit son électricité sans combustibles fossiles. Rompre cette tradition constituerait un virage désastreux de la part d'un pays dont la réputation en matière écologique est exemplaire"

Ceci est un extrait d'une lettre ouverte au Conseil fédéral, écrite par le célèbre climatologue James E. Hansen, directeur d'un institut de la NASA, dont le texte a été révélé par les médias il y a à peine 10 jours.

De plus en plus de voix se font entendre contre les centrales à charbon.
Mais pourquoi donc le charbon est-il devenu un problème majeur en terme de changement climatique?

Avec la stagnation de la production pétrolière, le charbon a non seulement dépassé le pétrole en ce qui concerne les émissions de CO2, mais c'est lui qui possède le plus grand potentiel de rejets dans le futur. C'est aussi lui qui émet le plus de CO2 pour la production d'électricité: 900g pour produire 1 kWh. Concrètement, une grande centrale à charbon rejette annuellement environ 10 millions de tonnes de CO2, ce qui correspond à quelque 20% des émissions de toute la Suisse.

Or, les pays industrialisés doivent, d'ici 2020, réduire leurs émissions d'au moins un quart par rapport à 1990.

Selon le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), nous devons baisser la concentration en CO2 maintenant si nous voulons empêcher la déstabilisation définitive du climat. C'est également l'avis de James E. Hansen qui affirme que pour ne pas mettre le climat en danger, le niveau de CO2 dans l'atmosphère doit rester en dessous de 350 ppm (parties par millions).

Or, nous avons déjà atteint un niveau de 386 ppm.
Il nous reste donc à réduire le réchauffement puisqu'il semble qu'on ne puisse plus l'éviter, mais il faut faire vite!

L'aspect économique des centrales à charbon n'est pas non plus de bon augure. D'une part, le prix du charbon augmente, d'autre part, à partir de 2013, l'Union européenne va exiger que toutes les centrales électriques achètent des droits pour leurs émissions de CO2. Cela pourrait coûter plusieurs millions de francs par an par centrale électrique !

En Suisse, ce ne sont pas moins de 10 entreprises électriques qui songent à investir dans le charbon et toutes ont des actionnaires publics, communes ou canton.

L'interpellation n° 743 sur les centrales à charbon peut être résumée à la question de savoir si le Gouvernement jurassien a compris l'ampleur du problème climatique et s'il est prêt à prendre une position ferme et assertive ?

Bien entendu, il ne suffit pas de dire ce que nous ne voulons pas. Et pourtant, nous n'avons pas d'autre choix que de chercher d'autres solutions. Mais, aussi longtemps que nous miserons sur les solutions rétrogrades telles que l'uranium ou le charbon, il n'y aura pas les moyens nécessaires à disposition pour trouver des solutions durables.

Il existe une grande marge pour diminuer la consommation d'électricité.
Mais il faut une volonté politique!
Il y a des sources d'énergie intéressantes à développer, comme le photovoltaïque, l'éolien terrestre ou marin, le biogaz agricole etc.
Mais il faut une volonté politique!

La position de l'exécutif du canton de Berne qui a été interpellé plusieurs fois sur la question laisse songeur: il exprime ses préoccupations concernant les émissions de CO2, et s'inquiète de, je cite "l'image" des FMB ou de la répercussion négative sur la valeur en bourse de l'entreprise si elle se retirait du projet de centrale à charbon à Wilhelmshaven en Allemagne.

Quant au projet de Dörpen, il – le Conseil exécutif - demande aux FMB de, je cite: "montrer au Conseil d'administration comment le projet peut être mené dans le respect des responsabilités de l'entreprise et en tenant compte des préoccupations de l'actionnaire majoritaire"

Mon but ici n'est pas de stigmatiser l'exécutif du canton de Berne, loin de là! J'aimerais simplement dénoncer le mécanisme qui conduit à l'immobilisme, même dans des questions aussi graves. Le canton – n'importe quel canton, s'il est actionnaire - en appelle à la responsabilité de l'entreprise mais les cadres de l'entreprise sont engagés pour faire un maximum de bénéfices.

Cela dit, si les bénéfices des actionnaires étaient indirectement proportionnels aux émissions de CO2 et à la menace sur la sécurité des citoyens, on verrait sans aucun doute un changement radical de politique énergétique…

L'interpellation n° 743 demande que le Gouvernement jurassien s'adresse aux FMB, dont nous sommes clients, et leur demande d'abandonner tous leurs projets liés à des centrales à charbon et qu'elles investissent ces sommes colossales dans la production et l'amélioration de combustibles renouvelables. En bref, de travailler dans l'optique d'un futur possible et durable.

L'interpellation n° 743 demande également au Gouvernement d'intervenir auprès des FMB afin qu'elles mènent une vraie politique incitative de réduction de la consommation d'électricité. En effet, le potentiel d'économie sans diminution de confort, est énorme, mais il ne peut être atteint qu'avec des mesures astreignantes.

Monsieur le Ministre de l'environnement, je vous remercie d'avance de votre réponse, mais de grâce, ne me dites pas que vous en appelez à la responsabilité de l'entreprise!


Pour en savoir plus

Par erica-hennequin, le 26/11/2008 à 17h08


Les commentaires



Jean , le 27/11/2008 à 21h09
Très bonne intervention et bon développement. Le Jura, comme la majorité des autres cantons, parlent de développement durable mais n'a pas le courage de se positionner clairement. En tant qu'actionnaire, même minoritaire, le Jura doit au minimum exprimer sa désapprobation et demander l'abandon du projet.


Moyenne :  [*]  [*]  [*]  *  *

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